La reconstruction de Notre-Dame de Paris, après l’incendie de 2019, illustre la pertinence du patrimoine mondial, un legs précieux qui traverse le temps, unit les peuples et témoigne de notre engagement collectif à préserver ces trésors pour les générations futures. La mobilisation immédiate qui a suivi cet événement douloureux a révélé la profondeur de l’attachement à ces sites d’exception. Le patrimoine culturel et naturel reconnu par l’UNESCO ne se limite pas aux seuls éléments matériels ; il englobe notre histoire commune et notre responsabilité partagée.

Aujourd’hui, les sites patrimoniaux et les savoirs ancestraux ayant permis leur édification sont confrontés à de multiples menaces telles que les incendies, les conflits armés, les catastrophes naturelles et le dérèglement climatique. La conservation du patrimoine ne consiste pas seulement à restaurer des édifices emblématiques ; elle représente aussi un engagement envers les communautés qui en sont les dépositaires. En Ouganda, les Tombes des rois du Buganda à Kasubi, inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2001, ont pu renaître de leurs cendres après un incendie dévastateur grâce aux savoir-faire traditionnels transmis par les communautés. Cela illustre l’importance d’une approche intégrée, alliant transmission des connaissances, implication des populations locales et soutien international, pour garantir la pérennité du patrimoine.

Parmi les périls les plus pressants, le risque d’incendie impose une vigilance accrue. À travers son guide de gestion des risques d’incendie, élaboré en 2024, l’UNESCO met en lumière des stratégies essentielles telles que l’adoption de systèmes de détection avancés, la formation des communautés locales et l’intégration des pratiques culturelles dans les protocoles de sécurité. Une telle démarche ne peut être efficace que si elle repose sur une coopération étroite entre les experts, les autorités nationales et les communautés, qui sont les véritables gardiennes de leur propre patrimoine et des savoirs qui y sont associés.

Face à ces défis, l’architecture joue un rôle fondamental. Comment bâtir en harmonie avec notre environnement et notre culture tout en garantissant la résilience du patrimoine ? Cette question guide le travail de Francis Kéré, architecte burkinabé et lauréat du prix d’architecture Pritzker en 2022. Son approche, ancrée dans les traditions locales et tournée vers l’avenir, démontre que la préservation du patrimoine ne signifie pas figer le passé, mais bien le protéger dans une perspective de conservation durable. Dans une interview exclusive avec Ernesto Ottone R., Sous-Directeur général pour la Culture de l’UNESCO, Francis Kéré partage sa vision d’une architecture qui allie à la fois héritage et innovation, au service d’un avenir plus inclusif.

Tout au long de ces pages, nous explorerons les stratégies et les initiatives mises en place pour sauvegarder notre patrimoine commun. Préserver ces trésors, c’est défendre notre mémoire collective, le lien indissoluble entre le passé, le présent et le futur. À nous d’en être les gardiens et les passeurs.

Lazare Eloundou Assomo

Directeur du patrimoine mondial